à défaut de porter un short, et si nous abordions un brin la saison prochaine...

Publié le par petitcâstle

Au TDB les bureaux se vident. Normal, c'est juillet, youpla zuper, les vacances, Dijon plage, les glaces miko, le short de rigueur (évidemment), et mine de rien, tout le monde commence à se détendre. Enfin presque. Car tandis que – pour ne citer qu'eux – l'équipe des vases communicants concentrée comme jamais boucle le programme de saison 12-13, côté ateliers une poignée de techniciens fabrique le décor de Folie Courteline. Le premier spectacle de la saison, réunissant quatre courtes pièces de Georges Courteline mises en scène par Ivan Grinberg – Théodore cherche des allumettes (1897), Le Droit aux étrennes(1896), Les Boulingrin (1898), Les Mentons bleus - scènes de la vie de cabots(1906) – verra ses répétitions débuter en septembre. En attendant d'en savoir plus sur le projet qui réunit notamment au plateau François Chattot – dirlo du TDB pour ceux qui auraient raté la majorité des épisodes précédents –, Damien Bouvet – comédien dans  Ministre, écrit et mis en scène par I. Grinberg –, Stéphan Castang – auteur, réalisateur et comédien – et Marion Lubat – comédienne notamment dans  We Are l'Europe et dans Enfants du siècle, un diptyque– voici quelques phrases tirées de La philosophie de Georges Courteline... Des pépites classées par thème (la justice, les femmes, la littérature, la bohême, etc.)


 

DE CHOSES SANS GRANDE IMPORTANCE/ L'AMOUR, LES FEMMES, ET CAETERA

La moyenne des femmes peut se flatter justement de l'emporter sur celle des hommes, en compréhension, en finesse et en perspicacité ; mais on ne voit pas que le mot GENIE trouve une application – une seule ! - dans le domaine du féminin. De même l'acteur, souvent supérieur à l'auteur dont il interprète la pièce, restera toujours à mi-côte de sommets accessibles au pied seul du Poète.

Il y a des heures où les femmes sont à ne pas prendre avec des pincettes : particularité qui échappe souvent aux amants des femmes mariées, parce que ces heures-là, en fines mouches qu'elles sont, c'est aux maris qu'elles en réservent la jouissance.

De même vibre l'âme des gamins au vide ronflant des tambours, de même vibre l'âme des filles au vide des paroles qui ne signifient rien.

Les filles ont ceci pour elles qu'elles le sont toujours un peu plus qu'on ne pensait. Tel pauvre diable acoquiné à une gueuse se croit à l'abri des surprises, qui demeure un beau jour stupéfait à voir son fumier embelli d'une turpitude nouvelle et admirant par quel miracle la peste s'est faite choléra.

J'en sais qui, arrivées à l'âge de la première communion, y demeurent et s'y cramponnent, ayant accompli en entier le cycle de leur évolution intellectuelle. Elles sont quelques-unes, comme ça. Lestées à douze ans, une fois pour toutes, du bagage d'expérience qui doit les mener jusqu'au tombeau, elles se baladent, le front haut, à travers une vie imbécile hérissée de banalités comme la conversation d'un garçon coiffeur, où grouillent confusément le stupide préjugé, la susceptibilité sotte, la rage de parler sans savoir, l'attendrissement à propos de tout, excepté, bien entendu, de ce qui vaut qu'on s'en attendrisse, et la même passion fatale pour tout ce qui est niaiserie, sucrerie ou toréador. Belles têtes ! Oh ! Très belles têtes ! … Mais, de cervelle, aucunement. Oui, elles sont comme ça, quelques-unes.

Au fond, on pardonne tout aux femmes, excepté d'avoir les jambes grêles entre les jarrets et les hanches, et l'art où quelques-unes excellent de sauter du lit comme des chattes et d'enfiler leur bas le matin matin leur tient lieu, quelquefois, de bien des vertus absentes !...

la femme ne voit jamais ce que l'on fait pour elle ; elle ne voit que ce qu'on ne fait pas.

 

 

Voilà... Bon, il y en a plein d'autres à vrai dire. Sans tomber dans l'exhaustivité, et juste histoire de réconcilier les exaspérés et les fascinés par les lignes précédentes qui nous rappellent à quel point la misogynie offre une source inépuisable de traits d'esprit , quelques extraits sur la littérature et sur un langage en goguette :


 

OU L'AUTEUR PARLE LITTERATURE POUR FAIRE CROIRE AUX PERSONNES QUI N'Y CONNAISSENT RIEN QU'IL Y CONNAIT, LUI, QUELQUE CHOSE

Il n'existe pas de genres inférieurs ; il n'est que des productions ratées, et le bouffon qui divertit prime le tragique qui n'émeut pas. Exiger simplement et strictement des choses les qualités qu'elles ont la prétention d'avoir : tout le sens critique tient là-dedans.

Les mots amour, délice et orgue étant masculins au singulier et féminins au pluriel, on doit dire, en bonne logique : « Cet orgue est le plus beau des belles », si on ne veut encourir le reproche d'écrire sa langue comme un cochon.

Au théâtre, il est des effets qui sont comiques a priori, sans motif, sans qu'on puisse démêler, même vaguement , le parce que d'un phénomène inexplicable et établi. Il semble que la mort, qui n'a rien de bien gai, devrait faire exception à cette règle générale ? Pas du tout ! Supposez Néron empoisonnant Britannicus avec des champignons ou avec des moules, et le public se tordra de rire en dépit des pleurs de Junie. Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ?

Rien n'est plus facile, plus inutile par conséquent, que d'être un poète quelconque.

Les mots me font l'effet d'un pensionnat de petits garçons que la phrase mène en promenade. Il y en a des bruns, il y en a des blonds, comme il y a des brunes et des blondes dans les Cloches de Corneville, et je les regarde défiler, songeant : « En voilà un qui est gentil ; il a l'air malin comme un singe » ; ou «  Ce que celui-là est vilain ! Est-il assez laid, ce gaillard-là ! ... »

C'est que les mots ont une vie à eux, une petite vie qui leur est propre, qu'ils ont puisée, où ? On ne sait pas !... dans les lointains des balbutiements et des siècles !

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